Prisonniers des maquis algériens du temps de la guerre d’indépendance (1954-1962), quelques centaines de Français, civils et militaires, ont passé des semaines, des mois, voire des années entre les mains de l’adversaire. Ceux qui en sont revenus ont longtemps été considérés comme des victimes collatérales d’un conflit maudit et encore aujourd’hui, leur statut d’ancien combattant n’est pas clairement reconnu.

Oubliés de l’Histoire, ils sont restés dans l’ombre. Témoins singuliers d’une guerre dont on a perdu le sens, les anciens prisonniers du FLN qui ont survécu à l’épreuve (beaucoup d’entre eux sont morts lors de leur détention dans les maquis) n’ont que très peu parlé. Ils avaient vingt ans. Ils n’ont rien oublié. Ni la soumission, ni la faim, ni le froid, ni la peur. Ni l’adversaire qu’ils ont eu tout le temps d’observer.

Leur épreuve, mise à jour par la longue enquête de l’historienne Raphaëlle Branche permet d’approcher d’une façon inédite et singulière ce qui, encore aujourd’hui, grippe les rapports entre France et Algérie.

D’après l’ouvrage « Prisonniers du FLN » de Raphaëlle Branche aux éditions Payot 2014.

Rémi Lainé

Rémi Lainé a fait ses premières armes aux côtés de Daniel Karlin, spécialiste des sagas documentaires L’amour en France, Justice en France… Depuis une quinzaine d’années, il alterne productions intimistes Vingt ans le bel âge, Né séropositifs, une approche singulière de dossiers retentissants Outreau notre histoire et des films tournés vers l’international comme Global gay ou Khmers rouges : une simple question de justice.